L'homo-américus partage ainsi bon nombre de caractéristiques avec homo-européus. Il est par exemple capable de passer 3 heures de suite à boire de la bière en regardant un match de rugby étrange (qu'il appelle football d'ailleurs). Il est également tout à fait apte à s'empiffrer sans la moindre vergogne de nourritures improbables pour peu que le buffet soit "à volonté".
Point n'est donc besoin d'approfondir, les deux exemples ci dessus en sont une preuve largement suffisante: Américus et Européus sont quasi identiques.
Néanmoins, je ne peux ici m'empêcher d'apporter une nuance (portée à bout de voyelle par le "quasi" ci-avant).
En effet, une de mes réelles surprises dans mon environnement professionnel vint d'un lieu honni sur lequel la bienséance la plus élémentaire intime de ne jamais s'attarder, je veux ici parler des "restrooms", idiome métaphorique signifiant à peu près "lieux d'aisance", ou "cagoinces" selon vos origines sociales ou vos inclinations sémantiques.Ayant la défécation matutinale, je profite généralement du lieu juste après mon café, ce qui procure généralement un sentiment d'extrème plénitude propice à endiguer le plus morose des débuts de journée. Cette petite pause intime constitue un des rares moments de temps suspendu au milieu du maelstrom de nos vies soit disant trépidantes dont la vaine agitation évoque quelquefois la frénésie copulatoire du chihuahua mexicain devant la femelle saint-bernard en chaleur.
Bref, vous l'aurez compris, ces petits moments volés quotidiennement à la furie stressissime de nos labeurs sont de pures perles à préserver coûte que coûte.
Et là, je dois avouer que j'ai eu un peu de mal...
Pour bien appréhender mon atermoiement, il faut d'abord décrire l'endroit en détail. Tout y est propre et parfaitement tenu. Inox impeccable et propreté exemplaire. Le confort y est ultra-moderne. C'en est par exemple définitivement fini des chasses d'eau qu'on tire. Un capteur détecte votre reculottage et déclenche les chutes du Niagara avec un bruit à mi-chemin entre le crissement de pneus et le hurlement de hyène alors que vous avez encore le pantalon sur les chaussettes. Même sort pour les robinets des lavabos. Là encore, un senseur ad hoc repère vos mains et ouvre l'eau à la température exacte optimisant l'élimination des bactéries.Bon, certains passéistes rétrogrades y verront une futilité technologique supplémentaire, une preuve de plus de l'irréversible déclin de notre civilisation. Ceux là ont certainement fait comme moi au début: ils se sont fait surprendre par le cri de la hyène, et dans un sursaut incohersible ont manqué de s'écraser le visage sur la poignée de la porte. A leur décharge, on conviendra qu'il n'est pas si facile de recouvrer son équilibre avec le pantalon en dessous des genoux. Puis à peine remis de leurs émotions, ils ont réalisé que l'objet de leurs efforts était déjà parti, les privant de la satisfaction bien méritée qu'occasionne généralement la contemplation du chef-d'oeuvre, sa longueur, sa consistance, sa couleur ou ses formes innatendues. Seule trace éphèmère de l'oeuvre, un éventuel reste de fragance, un soupçon d'effluve familier, rescapé évanescent qui ravive le regret de n'avoir pu profiter du tableau. Je ne doute d'ailleurs pas que d'ici quelques mois, un déodorant assassin accompagnera le Niagara, mettant ainsi un terme à un plaisir simple, parfaitement inoffensif ... et millénaire.

Sur ce, frustrés et déconfits, les passéistes au front bosselé, une fois reboutonnés, auront certainement cherché pendant cinq bonnes minutes à ouvrir les robinets des lavabos jusqu'à ce qu'un autochtone goguenard passe simplement ses mains sous le capteur, portant l'estocade du ridicule à nos victimes déconcertées.
De quoi vous rendre constipé pendant de longues semaines...
6 commentaires:
il arrive parfois que la poesie se niche dans des lieux improbables, mais propice à la medidation.
olivier
étrange comme ces lieux improbables déchaînent la verve populaire.
quelques commentaires sur l'absence de séparation entre les cabines, le pourquoi et le comment auraient été les bienvenus même si nous savons déjà quelles utilisations nos amis les gays et leurs ennemis, les chasseurs de gays, peuvent en faire, fussent-ils ou non républicains.
bisous
Chute du niagara dans les rocheuses, tourbillon nettoyeur , cuvette de courant, ce qui est séduisant dans ces tourments marins c'est le bruit sourd de l'eau qui s'engouffre et s'écrase sur les obstacle à sa course, c'est le bleu translucide qui fantasme nos vacances au soleil, c'est la propreté et la pureté javelisée de l'eau déchainée qui nous illusionne d'une nature proche et belle. c'est l'odeur d'iode et des égouts qui se déversent dans la mer preuve que le monde existe, et surtout son envahisseurl'homme (comme l'aurait dit david). Que votre demeure est belle puisqu'elle vous offre toutes ces sensations dans moins de 3 m², odeur, explosion d'écoulement et pureté de l'eau, on s'y baignerait.
Cependant rien dans ta description sur le nettoyage final de nos côtes : La balayette salvatrice, celle qui finalise la brillance et hote les derniers vestiges d'une attaque putriscente. Aurais tu négliger ton devoir final? sous prétexte d'une frustration égocentrique sur le thème de l'oeuf ou la poule, qui de la M.... ou de l'homme est arrivé le premier? retourne vite effectuer ce geste de civilité avant de te faire gronder camarade gaulois, c'est ta conscience salvatrice qui t'écris. Bisous à tous
"le maelstrom de nos vies soit disant trépidantes dont la vaine agitation évoque quelquefois la frénésie copulatoire du chihuahua mexicain devant la femelle saint-bernard en chaleur"
c'est marrant, j'aurais mis "maelstrom bouillonnant"...
("chihuahua, la seule race de chien dont l'essentiel de l'activité est résumée dans le nom" (Alain Sourigues))
j'adore la description de mon tonton de si MERVEILLEUX endroits!!
je compte bien visiter ce musé d'art moderne!!
a bientôt!! Pauline
Pour répondre aux gaulois de Toulouse qui me reprochent de n'avoir laissé le lieux aussi propre que etc... il faut convenir que la modernitude ambiante a définitivement éliminé du lieu cet accessoire suranné dont la désuétude aux USA n'a d'égal que celles des clefs de contact dans les méganes scénic ou des mange-disque à l'heure des DVD MP3. Bref, exit, disparue, volatilisée la balayette. Plusieurs explications à cette absence. Le régime alimentaire, les avancée technologiques récentes dans le domaine de la mécanique des fluides, ou le nombre de mexicains chargé de l'entretien du bâtiment. Je vous laisse libre de choisir celle qui vous conviendra le mieux!!
En tous les cas, si j'en juge par le nombre ed commentaires, je constate avec délice que ce domaine ne laisse pas indifférent...
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