mardi 18 novembre 2008

Premiers pas de Obama dans la vraie vie

Nous restons concentrés sur les premiers pas plutôt prudents mais brillants d'Obama, distillant ses nominations au compte goutte, dans un certain secret et avec des ordres très fermes à ses conseillers : ne faire aucune déclaration sur quoi que ce soit, ne rencontrer aucun politique étranger (Sarko et Kouchner en ont fait une jaunisse), se concentrer sur l'état des lieux que va laisser l'équipe Bush et c'est un vrai désastre.

Pourra-t-il répondre aux immenses attentes qu'il a suscitées?
En tous les cas la tâche est énorme et ce ne sera sans doute pas chose facile étant donnée la situation économique catastrophique.

Un exemple concret glané dans son bouquin "Change we can believe in" qui déménage vraiment pour l'Amérique
Les soins de santé de base ont doublé depuis 6 ans alors que les remboursements sont restés flat. En 2006, 11 millions d'américains non assurés ont dépensé plus du quart de leurs revenus en soins de santé. Le nombre d'américains non assurés a augmenté de 8.7 millions sous l'administration Bush, portant le total à 47 millions.
Juste une petite indication concrète sur les tarifs: consultation généraliste 130 dollars, augmentin pour 10 jours pour les filles 136 dollars, un bras cassé simple avec pose d'un platre 10000 dollars, une mammo 1500 dollars, consultation ophtalmo 350 dollars... et pour couronner le tout, quand vous êtes assurés et que vous une maladie grave (genre infarctus, cancer, diabète) vous êtes droppés par votre assurance!

En fait, quand on vit ici, on s'aperçoit vraiment que toute l'économie familiale repose sur les résultats de la bourse, c'est le Gold Standard et il n'y a aucune alternative: en pratique la famille middle class se bat depuis la naissance de ses enfants pour placer en bourse de quoi leur payer l'université (si t'es pas middle class, faut oublier les études sauf à être brillantissime genre Obama justement), se bat pour rembourser une maison qu'elle n'avait pas les moyens de se payer mais on lui a quand même prêté en pariant sur la prise de valeur de celle-ci , place ses économies de retraite à la bourse et vit à crédit à des taux de 18% environ (c'est le tarif des découverts), bref tout ça c'est tellement bien qu'on essaie de nous le vendre en France aussi. Sauf que là, depuis Septembre, c'est la cata totale:
- des dizaines de milliers de jeunes ne pourront pas entrer à l'université cette année car les bonnes économies des gentils parents se sont collapsées (en moyenne une année dans une université tourne autour de 40 000 dollars) d'autant plus que les fees augmentent d'année en année,
- je vous parle pas de la crise des mortgages, c'est bizarre dans notre quartier on ne voit pas grand chose
- les futurs retraités ont vu leur pactole s'envoler en quelque jours donc la retraite c'est pas pour maintenant, continuez de bosser (par exemple un collègue de Tof au bureau qui a 63 ans, qui bosse depuis 40 ans ici pense qu'il va travailler "tant qu'il le peut" car pas question de retraite avant 10 ans, il vient juste de finir de payer les études de médecine de ses 2 enfants),
- alors quand en plus t'es malade et que tu vis à 18%!!!

Autre exemple: je discute avec une secrétaire de l'ambassade qui vient de trouver une place en crèche pour sa fille de 2 ans: 1500 dollars par mois! une collègue de Tof met son fils dans une préschool à 900 dollars par mois mais "c'est pas cher car c'est à 40 km" de Washington. L'école française ne coûte "que" 13000 dollars par an, c'est "pas cher" pour une école privée ici qui tourne autour de 20000 (merci le cnes) Et il n'y a pas d'école avant 5 ans. Bienvenue en Amérique... pour les riches!

Bref, comme prévu le système est arrivé en butée sur un énorme crash généralisé, les américains n'ont pas d'autre choix que le changement et cela explique l'élection de notre Obama chéri même s'il est noir, pas assez noir, socialiste (insulte suprême ici), mauvais chrétien, pas assez patriote...

En tous les cas, il commence à faire ce qu'il a dit, en premeir lieu dans ses exigences pour ce qui concerne le recrutement du staff fédéral rapproché (8000 personnes) qui doit prouver ses compétences et sa non appartenance à quelque lobbye que ce soit, ça grince des dents dans le microcosme de Washington et un bruit court disant qu'il aura du mal à pourvoir les postes...

Et oui se pose la question de sa sécurité ( c'est ce qui vient très vite dans les discussions avec les démocrates) car j'ai le sentiment qu'il a une telle détermination, qu'elle va secouer forcément à la fois l'establisment mais aussi certaines facettes de l'American Way of Life, la junk food, la génération télé-nintendo, la démission des parents, l'hypergaspillage énergétique... je lis son bouquin et il va aller sur tous ces sujets en plus du healthcare, des grands travaux, du climate change, du contôle des marchés financiers...
Autre petite info comme ça, Areva et nos militaires sont très contrariés car il n'est pas à fond pronucléaire.

Sinon la routine d'un journal républicain: Obama a promis à ses filles de prendre un chien quand ils vont s'installer à la Maison Blanche. Mais en fait il y a déja un Pitbull, Rahm Emanuel, le secrétaire générale de la Maison Blanche qu'il vient de nommer.

Bref, c'est passionnant d'être ici en ce moment.
Le suite au prochain épisode si vous me confirmez votre intérêt pour ce genre de prose.
Bon, je vais chercher Marie à l'école

1 commentaire:

les gaulois de toulouse a dit…

il semble évident que votre séjour aux états unis se passe sous de bonnes étoiles:financières et environnementales.Mais rien ne vaut que d'être sur le terrain pour pouvoir dire et affirmer que celui ci est miné ou pas.Nous pouvons avoir les infos que tu nous donnes(les choix de barak pour son gouvernement etc)mais vous avez l'avantage d'être au centre de la "tourmente".Alors ne t'inquiète pas,continue de nous informer,du bon et du mauvais,du people,de tes travaux a l'ambassade,des discours ou prises de positions de barak,sans oublier de nous parler de vous de vos voyages et touticointi
gros bisous a vous 4